Les Alternatifs Isère

Retour sur un contre sommet pas inutile

dimanche 21 février 2010

Il est 8h du matin, ce vendredi 11 Décembre 2009, où une marée bleue déferle Gare de Lyon, à Paris.
Plusieurs centaines de personnes se sont donné rendez-vous, suite à l’appel de différentes ONG, associations, afin de participer au contre sommet et à la grande manifestation prévue à Copenhague, lors du sommet sur le climat. A l’arrivée à la gare un K-Way bleu est distribué à chaque personne, d’où l’apparence de la marée bleue.

Afin de faciliter le départ, chaque militant retrouve l’organisme avec lequel il vient ; pour ma part ce sera les Alternatifs, regroupés au sein du collectif : « Urgence Climatique, Justice Sociale : UCJS ».
Parmi les associations, partis politiques, collectifs, il y a majoritairement des militants de Greenpeace, WWF, Réseau sortir du Nucléaire, NPA, PG, les Verts, la Confédération Paysanne, OXFAM, ATTAC, quelques militants de Sud Solidaires et une importante délégation de Basques.
C’est l’association des Amis de la Terre qui organise ce Train pour Copenhague.
Près de 40h de train aller-retour nous attendent.
Les volontés et les espoirs fondés pour ce rendez-vous ne résident pas dans l’attente des propositions et solutions apportées par les « grands » de ce monde mais plus par l’envie de voir naître un vrai mouvement, une force populaire prête à défendre l’intérêt commun portant sur la défense et la protection de l’environnement mais aussi sur la justice sociale et la solidarité entre les individus.

Dans les rue de Copenhague
De nombreux journalistes nous accompagnent lors de notre départ, mais, pour la plupart, ils sont plus venus là pour les « peoples » que pour parler militantisme.
En effet, ils ont passé leur temps à tourner autour de la nouvelle coqueluche des Verts : Cécile Duflot. Cette dernière, qui se vantait devant les caméras de faire le déplacement avec les autres militants, « en train et non en avion », n’a bizarrement pas fait le trajet retour avec nous, préférant l’avion mais sans journaliste cette fois ; tout cela pour la défense de l’environnement : « On milite, mais y a des limites ».
Après un long trajet, une courte nuit de sommeil, la marée bleue déferle désormais dans les rues de Copenhague rejointe par quelques centaines de personnes le samedi matin. Petite manifestation matinale, histoire de se dégourdir les jambes.
Notre nouveau point de ralliement est désormais le Klima forum ou dit autrement, le contre-sommet de Copenhague.
C’est à cet endroit que se réunissent scientifiques, chercheurs, associatifs citoyens lors de conférences, animations, débats,…
Ce Klima forum, malgré l’affluence, n’a eu aucune influence sur les décisions et les prises de positions lors du sommet qui se tenait au Bella Center en périphérie de Copenhague.
L’après-midi, les manifestants se comptent en dizaines de milliers de personnes : environ 100 000 d’après les journalistes (bien plus qu’à Seattle 10 ans plus tôt).
Des militants venus majoritairement d’Europe mais aussi d’Amérique latine (dont l’association Via Campesina), d’Australie, d’Asie et d’Afrique.
Tout au long de la courte manifestation, des slogans tels que « Anticapitalista », « What do you want ? Justice Climate », « When do you want ? Now » ou encore « Change the system, not the climate » résonnent dans les rues de la capitale danoise.
Une radicalité dans les slogans et les paroles se fit sentir quant aux critiques du système capitaliste et les dérives du néolibéralisme, notamment par des associations environnementalistes habituellement réservées sur ces thèmes.

Une réponse répressive
Cependant, la manifestation ne durera pour la plupart pas plus de ¾ d’heures. En effet à la hauteur du cortège d’Attac et des Verts, la police danoise, pourtant très courtoise jusque là, séparera celle-ci en deux puis en trois. Nous étions au courant qu’elle avait reçu l’ordre, appuyé par une loi votée deux semaines auparavant par le gouvernement danois, d’appliquer une répression autoritaire afin d’éviter tout débordement comme il y a pu en avoir à Strasbourg lors de la manifestation anti-OTAN, le 4 Avril 2009.
De ce fait, avant même qu’il y ait eu le moindre écart, les CRS et la police, par cette action, ont voulu provoquer l’énervement justifiant ainsi des arrestations arbitraires.
Malgré l’esprit très pacifiste, la peur du groupe des Black Bloc et des pressions politiques, les politiciens ont fait arrêter près de 900 personnes injustement. Pour preuve, seulement une quinzaine d’interpellés étaient encore en rétention provisoire le soir-même.
La répression, avant même une quelconque forme de violence de la part des manifestants, pose une question fondamentale quant au droit à manifester dans cette nouvelle Europe.

Un sommet décevant
Celle-ci, qui se donne les moyens pour contrer les droits démocratiques (Traité de Lisbonne non ratifié par les citoyens, non respect des droits de l’Homme avec les sans papiers, non respect des normes environnementales,...) n’a pas été si forte que cela quant aux prises de décisions lors de ce sommet.
Qu’aucune décision importante n’ait été prise, montre l’impuissance des acteurs politiques face aux lobbies industriels.
Il ne peut pas y avoir un espoir de changement dans un système de libre échange et régi par l’argent : croire que c’est par l’autorégulation du marché que vont se régler les problèmes écologiques est une grossière erreur.
Effectivement, pour préserver notre planète, il est primordial de changer de système et c’est bien ce qui est ressorti de ce contre sommet notamment avec « La déclaration des peuples ».
Sur ce point, associations et politiques se regroupent ; seuls quelques divergences stratégiques persistent.

Le combat continue
Le changement volontariste et radical de certaines associations nous fait espérer la création d’un véritable mouvement altermondialiste réunissant les luttes sociales, écologiques, et solidaires. C’est cette volonté qui nous a le plus uni lors de ce voyage.
Pour ce qui est de notre action locale, à Grenoble, le collectif UCJS s’est formé afin d’informer les citoyens par le biais de conférences, débats, animations, sur les questions environnementalistes et sociales.
« Si le climat était une banque ; cela fait longtemps que les pays occidentaux l’aurait sauvé » : Hugo Chavez.
Un autre monde est possible, à nous de nous en saisir.

Fabien Givernaud


Réf : http://www.contretemps.eu/interventions/ce-que-veut-mouvement-justice-climatique
La déclaration des peuples : http://www.klimaforum09.dk/Declaration?lang=en


Articles parus dans un numéro précédent sur un sujet voisin :
Pour une véritable taxe carbone - N° 126 – Octobre 2009
Le Forum Social Européen de Malmö - N° 121 – Décembre 2008


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