Les Alternatifs Isère

Le service public de la petite enfance est-il menacé ?

vendredi 7 mai 2010

Durant ce dernier mois, les crèches ont connu deux journées nationales de grève. Pour comprendre l’enjeu de ce mouvement, « Gauche Alternative » a interrogé plusieurs puéricultrices grévistes d’Echirolles.

Qu’est-ce qui a provoqué les mouvements de grève nationale du 11 mars et du 8 avril dans les crèches ?
Elles visent le décret 2 février 2010. Ce texte réduit les exigences en matière de qualification du personnel et assouplit encore les possibilités d’accueil en surnombre d’enfants. Il réduit la part (déjà minimale) du personnel le plus qualifié : infirmière puéricultrice et éducatrice de jeunes enfants de 50% à 40%. On assiste ainsi à une déprofessionnalisation.
Le quota d’enfants accueillis fixé aujourd’hui à 10% de la capacité prévue passe à 15% ou 20% en fonction du nombre de places de la structure. Ce qui pose un problème de superficie et donc de nombre de lits et de tables. La réforme prévoit donc une augmentation du nombre d’enfants en rapport au personnel. Elle s’attaque aux missions des crèches qui ne pourront donc plus être bien assurées, celles-ci étant l’épanouissement des enfants, la prévention et le dépistage des maladies, le soutien aux handicapés, la coéducation avec les parents. La réforme pousse à faire de la quantité au détriment de la qualité. Des études démontrent que les capacités d’un individu à s’insérer socialement et à acquérir une qualification sont largement déterminées dans sa prime enfance
Au lieu de placer l’enfant au cœur du sujet, cette réforme a pour objectif de réduire les dépenses sociales.
Notre crainte est qu’à la suite de la dégradation du service public de la petite enfance apparaisse un système de crèches à plusieurs vitesses par la création de crèches privées plus onéreuses, mieux pourvues en personnel mais réservées aux familles solvables. D’ailleurs, il est question que les CAF (Caisses d’Assurance Familiale) subventionne de tels projets de crèches.

Comment les grèves ont-elles été suivies à Echirolles et dans le reste de l’Isère ?
Sur Echirolles, la grève du 11 mars a été suivie à 98%. En Isère elle a été aussi bien suivie, nous étions plus de 800 professionnels en cortège de 13H30 à 15H30 et 680 pétitions ont été signées et remises par notre délégation au préfet alors que le mouvement débutait seulement En effet ces mouvements concernent des professionnels tous convaincues de la nécessité de conserver dans l’intérêt des familles et de leurs enfants un niveau d’accueil de qualité. Les parents bien souvent nous soutiennent, ils sont en attente d’un accueil de qualité, de pouvoir confier leurs enfants à du personnel qualifié et en nombre suffisant
Comme nous, ils savent que la prise en charge de leurs enfants est un enjeu social et économique mais pas à n’ importe quel prix !!!

Parlez-nous des conditions de travail dans les crèches
Jusqu’à un passé récent, elles étaient correctes, mais depuis 4 ou 5 ans, elles se dégradent et aujourd’hui elles deviennent difficile. On manque de place.

Pensez-vous que le public est satisfait du service public de la petite enfance ?
Ce mode d’accueil est le plus sollicité par les parents pour les raisons suivantes :
- la socialisation de l’enfant, la préparation à l’école maternelle ;
- le respect de son rythme ;
- la richesse des activités proposées ;
- l’encadrement professionnel ;
- le cadre institutionnel.
Nous pensons que jusqu’à présent les parents sont satisfaits du service rendu par les crèches, mais il faudrait leur demander leur avis. Nous pensons que les parents sont attachés à l’égalité d’accession aux crèches quels que soient leurs revenus. Cette égalité est assurée par la modulation des prix selon les moyens de chacun. Les parents nous soutiennent dans notre action. Ils étaient nombreux à nos manifestations.

Après vos journées de grève avez-vous obtenu satisfaction ?
Le décret n’est pas retiré mais encore aujourd’hui Nadine Morano nous a écrit afin de nous rassurer sur la bonne compréhension de son texte..... À la veille du mouvement national.

Envisagez-vous d’autres actions ?
Après la grève et la manifestation du 8 avril, nous comptons constituer en Isère, comme dans chaque département, un collectif isérois « pas de bebes à la consigne » qui regroupe aussi des médecins, des formateurs (CEPPI).


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