Les Alternatifs Isère

Le patronat et l’écologie

samedi 8 mai 2010

1 – La loi des patrons
Nous, les Alternatifs, avons salué l’avis défavorable pris par la commission d’enquête sur le projet de Rocade Nord (voir le communiqué de presse ci-joint). En revanche, le patronat grenoblois a réagi dans le sens inverse. À ce sujet, il faut se rappeler qu’il y a quelques années, ce projet de tunnel avait été enterré avant de resurgir sous l’impulsion de la Chambre de commerce et d’industrie de Grenoble. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ?
Au niveau national le MEDEF a réussi à faire annuler tout projet de taxe carbone.
Au niveau mondial, ce sont les lobbies patronaux qui ont fait échouer la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique.

2 – Les moyens de pression des patrons
En effet, la masse financière du patronat confère à celui-ci une puissance politique qui n’a rien de démocratique. Cette manne financière ne lui permet-elle pas de corrompre les hommes politiques ? À ce sujet, les destinations de l’argent de l’énorme « caisse noire » de l’UIMM n’a toujours pas été éclaircie. Par ailleurs, en ayant promu des anciens ministres, y compris des Premiers Ministres à de hautes responsabilités économiques, les patronats de différents pays incitent vivement les politiciens à pratiquer les politiques de leur choix. Par exemple, l’ancien ministre des finances et de l’industrie Thierry Breton a été nommé en 2008, soit un an après son départ de Bercy, président de la société de services informatique Atos. En tant que tel, il perçoit un salaire mensuel de 100 000 €1. Mais le cas le plus flagrant est celui de Tony Blair qui, en janvier 2008 a été recruté par la banque JP Morgan Chase comme conseiller à temps partiel pour un salaire mensuel de 88 000 €1 !
Par le biais de la publicité, de cadeaux faits aux journalistes, le patronat fait pression sur les médias pour dompter l’information.
Dépendante de plus en plus des financements privés, la recherche publique est de moins en moins libre de produire des résultats scientifiques, notamment en matière environnementale. Nous avons vu dans un passé récent l’industrie pétrolière étasunienne proposer de très gros financements à des scientifiques pour qu’ils « démontrent » l’absence de liens entre la consommation d’énergie fossile et le réchauffement climatique. De même, on a vu l’industrie génétique intégrer dans ses conseils d’administration, des membres de l’Académie des sciences française afin d’inciter celle-ci à prendre une position négative concernant les dangers des OGM. C’est aussi par l’action des lobbies patronaux qu’il faut interpréter les renoncements progressifs de tous les engagements pris lors du Grenelle de l’environnement, notamment en ce qui concerne les pesticides.

3 – le patron, partenaire ou adversaire ?
Les PDG voient essentiellement la rentabilité financière à court terme de leur entreprise et se préoccupent très rarement de l’avenir de la planète. Ce qui signifie que, comme pour le social et l’économique, pour faire progresser la cause écologique nous devons nous confronter au patronat. Pouvons-nous être vert sans être rouge ?

4 - L’écologie et la relance de l’économie
Les promoteurs de grands travaux comme les rocades autoroutières ou les centrales nucléaires tentent d’opposer emploi et écologie. En fait, leur défense forcenée des intérêts des grands groupes du BTP les aveugle. Au lieu de dépenser un milliard d’euros pour une rocade qui ne répond pas aux objectifs annoncés et aggravera la pollution de notre cuvette, il vaudrait mieux consacrer ces investissements énormes à la réhabilitation du parc de logement social pour mieux l’isoler et contribuer ainsi à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et à agir pour une baisse sociale des charges de plus en plus lourdes pour les locataires et les propriétaires les moins fortunés. Cela créerait de nombreux emplois non délocalisables et correspondrait mieux que des grands travaux à la qualification moins spécialisée des demandeurs d’emplois. Le patronat a tout faux une fois de plus.

Jean-François Le Dizès

Articles parus dans un numéro précédent sur un sujet voisin :
Pour le partage des richesses et des pouvoirs des patrons - N°124 – Mai 2009
Dominique Voynet, les Verts et les OGM - N°113 – Avril 2007 GDF : les députés sous influence - N° 111 – Décembre 2006


Sources : 1 Le Monde Diplomatique de janvier 2009


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